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  • mots mêlés, Souffle de pigments...

    Croisée pour la première fois, sur un trottoir, elle m'attendait prête pour le départ vers une nouvelle vie.

    Elle est là, trônant dans la pièce, marqueur du temps qui passe, du temps qui laisse l'empreinte de soi.

    Sur son plateau, dressé à droite, le pot en céramique bleu et ses pinceaux. Façonné au tour, mes mains ont guidé la terre pour lui donner la juste dimenson pour accueillir mes pinceaux.

    Le 0, Trainard en martre qui d'un trait fin et rouge traçât le contour de Coquelinote,

    Le 00 où il ne reste, à force d'ouvrage, qu'un poil, il reste là, mémoire hypothétique, mes doigts aiment à se souvenir de son contact doux et ferme.

    Le 6, Le Petit gris du pot, il a accosté dans de nombreux demi-godets, caressé les feuilles du bloc aquarelle tentant le jeu entre l'eau et le pigment. Gros poilu qui cherche à conter la fragilité des fleurs, la chaleur des pierres blanches au soleil, aplats, taches, arabesques qui s’entremêlent.

    L'usé-bombé, ébouriffé d'avoir séché au soleil, Il reste fièrement dans le pot comme un pinceau qu 'on ne pourra plus mettre dans une case. L'utiliserai-je encore un jour ?

    Le grand éventail, crâneur voire un brin insolent, mémoire des herbes sauvages qui ont sillonnées mes toiles du Sud.

    Le jeunot, langue de chat, il n'a connu que le rouge garance de Coquelinote et le bleu indigo du démon, il écoute les histoires racontées par les ainés et se demande quelles aventures l'attendent.

     

    Juste devant le pot, un monticule de carnet. Les uns retracent mes voyages, l'Inde, le Maroc, d'autres sont les souvenirs de mes regards posés sur la nature au grès du temps. Les vierges d'empreinte sont sous la pile, attendant les traces de mon regard émerveillé.

     

    A gauche, des livres lus qui attendent d'être niché dans l'étagère sur le mur.

    elle est le recueil des années de lecture, des livres qui ont marqué ma mémoire et qui sans aucun doute nourrissent aujourd'hui mes créations.

    Petite, je ne lisais que très peu, les petites filles modèleset les malheurs de Sophie, de la Comtesse de Ségur, l'indigestion de crème, le poisson rouge coupé en morceau, lu et relu, probablement pour me rassurer. Ceux-la ne sont pas dans les étagères.

    Les années collège et lycée se déploient autour de lectures scolaires, je lisais souvent en diagonale ou refermais bien vite le livre m’octroyant les droits offerts par Pennac sans en connaître l'existence. Je me souviens de quelques livres lus en intégralité, les cornichons au chocolat de Stéphanie etla bicyclette bleuede Régine Desforges. La Emma d'Emile Zola est aussi restée dans ma mémoire, Cette dame qui ne réussissait pas à être heureuse, le cherchait-elle vraiment ? Au bonheur des dames du même auteur, histoire qui m'évoquait la jeunesse de ma grand-mère. Ce n'est pas ceux de mon adolescence qui trônent sur la planche du milieu mais ceux glanés dans une boite à livres pour le plaisir de les relire.

     

    Mais les livres, tout comme le théâtre ce n'était pas pour moi, je n'avais pas une culture suffisante pour comprendre les mots, pour désosser l'histoire, pour vivre un livre. C'est ainsi que se posait mon regard sur le livre, sur moi.

     

    Les étagères sont pourtant pleines aujourd'hui, il aura suffit d'une rencontre, et un premier livre, les derniers géantsde François Place. Un album de jeunesse, une grande découverte, la naissance du plaisir de lire, ne pas pouvoir interrompre la lecture avant l'ultime mot.

    La littérature de jeunesse m'a permis d'entrer dans les livres et de briser cette peur.

    Peu après, c'est avec l’élégance du Hérissonde Muriel Barbery que j'entrais dans la littérature adulte. Deux exemplaires soigneusement rangés sur l'étagère du haut, un à prêter, l'autre à conserver, ne pas s'en séparer, il est la fondation, celui que je ne relirai probablement jamais mais dont je ne me séparerai jamais.

    Je me suis construite page à page et jour après jour cette culture qui me manquait.

     

    Je me suis mise à dévorer, les mots pénétraient en moi, ils me touchaient, me faisaient voyager.

    Ce voyage m'amenait parfois à l’intérieur de mon être, malmenant celle que j'étais pour m'accompagner vers celle que je suis.

    Mon regard parcourt les livres, il s'arrête sur ceux de Michele Lesbre et le Canapé rouge, ceux d'Elisabeth Brami et Je vous écris comme je vous aime, puis viennent les livres de Jeanne Benameur usés par mes nombreuses lectures, replongeant dans de chaleureuses retrouvailles aux creux de chacun de ses mots.

    Le recueil A l'impossible on est tenu de Jean Pierre Siméon, est calé sur l’échelle en bois dans la salle mais les autres recueils de poésie sont sur l'étagère du bas.Il n'en sortira plus un sans que je ne me love au fond du jardin pour me laisser porter par ses mots, la poésie était entrée dans ma vie créant des vagues d'émotions au plus profond de moi. D'autres poètes ont rejoint ce rayon.

     

    J’oscillais toujours vers la littérature de jeunesse, Isayamade Pierre Boterro a marqué ce passage, toutes les montagnes sont franchissables, l'important est le chemin parcouru qui fait de nous ce que nous sommes.

    Va, observe et apprends

     

    Il y a aussi ces auteurs dont je n'ai osé ouvrir leurs livres sans prendre quelques précautions.

    Lire Vendredi ou la vie sauvageet Robinson Crusoe, ou relire plutôt, car c'est en avançant dans la lecture que j'ai réalisé que je l'avais déjà lu, pour me plonger ensuite dans L'empreinte à Crusoéde Patrick Chamoiseau. Tout comme Antigonede Anouilh qui siège à coté du Quatrième mur de Sorj Chalandon.

     

    Je souris en regardant ces livres, ils m'ont fait découvrir la collision avec le poteau dans la rue, livre à la main, les yeux plongés dans les mots. Oublier l'heure du repas parce que le mec de la tombe d'à côté, de Katarina Mazetti, va vivre une histoire d'amour avec cette femme même si leur seul point commun est l'espace d'un coin de cimetière. Trouver juste toutes stratégies pour pouvoir continuer de tourner les pages. Ne pas sortir de son lit parce qu'il neige, qu'il fait froid, qu'il fait trop chaud pour s'agiter, se sentir fiévreuse. Oui comment laisser à demain Syngué Sabourde Atiq Rahimi ou Le domaine des murmuresde Carole Martinez. Ils sont tous là et bien plus encore, Alexandro Barrico vient d'y entrer avec Le pianiste.

    Lire, ne pas se sentir rassasiée, dévorée encore et encore, rattrapée les temps passés sans eux. Façonner sa vie en se plongeant dans les livres, doux bain de mots.

     

    Je reviens à ma table, les souvenirs y sont aussi.

    Sur le chevalet au centre, un oiseau attend de briser sa cage, pouvoir sortir, se libérer de toutes chaines, parcourir le monde, déclamer qu'il est maintenant l'acteur principal de sa vie.

     

    Juste à côté quelques poussières de pastels tombées du dessin croché à la cloison.

     

    Me regard se détourne vers le mur, à gauche, les esquisses de Coquelinote ou la métamorphose d'un coquelicot en une formidable danseuse qui valse avec hardiesse dans sa vie. En aquarelle elle naitra, en terre elle se façonnera, de ma révolution humaine elle parlera.

     

    Quelles autres œuvres prendront naissance sur cette table?

    Et vous quels livres ont marqué votre mémoire ?

     

     

  • Souffle de pigments

    Croisée pour la première fois, sur un trottoir, elle attendait le départ pour une nouvelle vie.

    Elle est là, trônant dans la pièce, marqueur du temps qui passe, du temps qui laisse l'empreinte de soi.

    Sur son plateau, dressé à droite, le pot en céramique bleu et ses pinceaux.

    Le 0, Trainard en martre qui d'un trait fin et rouge traçât le contour de Coquelinote,

    Le 00 où il ne reste, à force d'ouvrage, qu'un poil, il reste là, mémoire hypothétique, les doigts aiment à se souvenir de son contact doux et ferme.

    Le 6, Le Petit gris du pot, il a accosté dans de nombreux demi-godets, caressé les feuilles du bloc aquarelle tentant le jeu entre l'eau et le pigment. Gros poilu qui cherche à conter la fragilité des fleurs, la chaleur des pierres blanches au soleil, aplats, taches, arabesques qui s’entremêlent.

    L'usé-bombé, ébouriffé d'avoir séché au soleil, Il reste fièrement dans le pot comme un pinceau qu 'on ne pourra plus mettre dans une case.

    Le grand éventail, crâneur voire un brin insolent, mémoire des herbes sauvages qui ont sillonnées les toiles du Sud.

    Le jeunot, langue de chat, il n'a connu que le rouge garance de Coquelinote et le bleu indigo du démon, il écoute les histoires racontées par les ainés et se demande quelles aventures l'attendent.

     

    Juste devant le pot, un monticule de carnets. Blocs d'aquarelle, carnets de voyage, carnets de croquis. Les uns retracent les voyages, l'Inde, le Maroc, d'autres sont les souvenirs des regards posés sur la nature au grès du temps. Les vierges d'empreinte sont sous la pile, attendant les traces d'un regard émerveillé.

     

    Sur le chevalet au centre, un oiseau attend de briser sa cage, pouvoir sortir, se libérer de toutes chaines, parcourir le monde, déclamer qu'il est maintenant l'acteur principal de sa vie.

     

    Juste à côté, quelques poussières de pastels tombées du dessin croché à la cloison.

     

    Le regard se détourne vers le mur, les esquisses de Coquelinote ou la métamorphose d'un coquelicot en une formidable danseuse qui valse avec hardiesse dans sa vie. En aquarelle elle naitra, en terre elle se façonnera, de la révolution humaine elle parlera.

     

    Quelles autres œuvres prendront naissance sur cette table?